Il y a quelques temps, je fus témoin d’une situation qui m’a plongée dans une réflexion autour des pleurs et de la façon dont nous les accueillons, ou pas.

Quelle place laisse-t-on à nos larmes et à celles des autres ?

Existe-t-il de bonnes raisons de pleurer ?

Peut-on pleurer au travail, devant ses collègues, devant son chef  ?

Peut-on pleurer à la maison, devant ses enfants, devant la personne qui partage notre vie ?

Doit-on cacher ses larmes ? Choisit-on librement de les cacher ?

 

Et quelle place les larmes ont-elles dans une séance de coaching ?

 

Je partage ici un texte écrit dans la suite de toutes ces réflexions.

 

“Faut pas pleurer”

Voici la petite phrase entendue dans un couloir de l’hôpital. Elle s’adressait à une jeune femme en attente d’un examen.

Elle pleurait.  Je me suis approchée, je lui ai demandé de quoi elle pouvait avoir besoin. Elle voulait l’être aimé à ses côtés.

Une blouse blanche arrivant, je me suis retirée, j’ai repris mon chemin.

“Faut pas pleurer”. A ces mots, j’ai entendu sa gorge se serrer et ses larmes couler un peu plus, un peu plus fort.

 

Faut pas pleurer

Faut pas pleurer parce que moi, en face de toi qui pleures, je ne sais pas faire avec les larmes.

Faut pas pleurer parce que lorsque tu pleures, je me sens impuissant face à tes sanglots. Que veux-tu dire , que veux tu me dire, que veux tu que je fasses, que veux tu que j’y fasse ?

Faut pas pleurer.

Faut pas pleurer parce que je ne peux pas t’écouter, je n’ai pas le temps, pas l’énergie nécessaire.

Faut pas pleurer parce que j’ai mille autres choses à faire.

Faut pas pleurer parce qu’il y a pire à côté de toi.

Faut pas pleurer parce que pleurer c’est être fragile.

 

Et puis j’ai pleuré.

 

J’ai pleuré parce que le travail me submerge, les responsabilités qui m’incombent me font me sentir trop petit pour ce costume trop grand

J’ai pleuré parce que ma mère, mon père attend des résultats d’examen importants qui nous diront si la maladie est de retour, ou pas

J’ai pleuré parce que ma grand-mère, mon grand-père perd sa tête et commence à ne plus me reconnaître

J’ai pleuré parce que je vais perdre mon boulot et je ne sais pas comment je vais m’en sortir

J’ai pleuré parce que mon enfant pique des crises et je me sens à bout, impuissant

J’ai pleuré parce que je me suis disputé avec quelqu’un qui m’est cher

J’ai pleuré parce que je me demande si je vais y arriver un jour

J’ai pleuré parce que j’ai perdu mon chien, mon chat

J’ai pleuré parce que mon chef me parle très mal

J’ai pleuré parce que je vois tant d’injustices

J’ai pleuré parce que la Planète se meurt

J’ai pleuré parce que je suis fatigué

J’ai pleuré parce que j’ai mal

J’ai pleuré parce que j’ai peur, parce que je suis en colère, parce que je ne comprends pas

J’ai pleuré parce que je suis un Etre Humain, un Être rempli d’émotions qui ne demandent qu’une seule chose : que je les laisse s’exprimer.

 

Faut pas pleurer

Pour qui ? Pour quoi ?

Faut pas pleurer

Mais ne pas pleurer me sert à quoi ?

Quand je les retiens, quand je les contraints à rester bien au chaud en moi, elles me brûlent car elles sont en état d’ébullition.

Je peux avoir l’impression de me noyer dedans, ne plus pouvoir respirer.

Alors je pleure, et cette fois-ci le flot est puissant et déborde les rives. Ça déborde, ça me déborde.

 

Et si pleurer maintenant me permettait de lâcher la pression ?

Et si pleurer maintenant était la solution ?

Et si pleurer était vu comme une force ?

 

La force de se connecter à Soi, à son ressenti, à ses émotions ?

La force de lâcher les soupapes quand c’est nécessaire afin de rester en bonne santé ?

La force d’Être tout simplement relier à Soi et à ce que nous vivons ?

Et si on arrêtait d’avoir peur de nos larmes et de celles des autres ?

 

Ainsi, “faut pas pleurer” deviendrait “j’accueille”.

J’accueille mes larmes avec bienveillance, elles sont là pour me permettre de laisser mon émotion s’exprimer et prendre un second souffle.

J’accueille tes larmes pour te permettre de relâcher la pression et pouvoir me dire ce qui est important pour toi, ce dont tu as besoin.

 

Et si dans nos vies, familiales, professionnelles, amicales, nous nous autorisions à nous relier à Soi, aux Autres, ne plus avoir peur de nos émotions ni de celles des autres ?

 

Non, accueillir des larmes n’est pas toujours aisé. Oui, laisser couler ses larmes est parfois bien difficile.

 

Mais quand elles sont là, accueillir les larmes, les caresser, les écouter pour permettre à la personne de s’exprimer, d’extérioriser ce qui se passe en elle.

 

Les larmes sont parfois le pont qui permet de passer d’une rive à une autre, nous permettant ainsi de poursuivre le voyage.”

 

Ainsi, il est important d’accueillir les émotions lors des séances de coaching, même celles qui font couler des larmes.

Parfois, le coaching permettra un tout premier pas : s’autoriser à pleurer devant quelqu’un et se rendre compte qu’il est possible d’être accueilli là où on est, avec ce qui nous habite, sans s’écrouler et perdre pied.

D’autres fois, les larmes seront vécues comme un véritable soulagement et une page se tournera, enfin.

Quelquefois, ces mêmes larmes seront la manifestation d’une résistance, d’une incapacité à lâcher quelque chose, elles seront alors comme une fenêtre sur ce qui ne peut être, pour l’instant, transformer.

 

Et puis il y aura aussi ces larmes suscitées par la joie.

La joie d’une prise de conscience,

La joie de se sentir libéré d’une croyance limitante,

La joie de réaliser son propre potentiel,

La joie d’une réussite.

 

Quelques soient les larmes qui s’inviteraient lors d’une séance, je vous propose de les considérer comme une opportunité pour vous : celle de vous connecter à vous-même.

 

 

Céline POIRIER

 

Pour aller plus loin, je vous invite à écouter le podcast de cette émission :  https://www.franceinter.fr/vie-quotidienne/pourquoi-est-on-gene-par-les-larmes-d-autrui

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